- Les allergies font les gros titres depuis plusieurs années. Il n’y a qu’à discuter autour de soi pour s’apercevoir que des personnes qui n’avaient jamais manifesté la moindre allergie commencent à en éprouver les désagréments.
La faute à la pollution, à l’environnement, au réchauffement de la planète… Les explications sont multiples et pas toujours très convaincantes. Idem pour les allergies alimentaires. Certaines sont connues depuis bien longtemps, d’autres apparaissent, touchant à la fois enfants et adultes. à des aliments ! L e problème est devenu si courant qu’un rapport a été fait pour répondre aux questions du ministère de la Santé.
Le Programme national nutrition santé (PNNS) lancé en 2001 a en effet dans ses objectifs celui de limiter la survenue d’allergies alimentaires. En effet, celles-ci concerneraient plus de 3% de la population pour une allergie évolutive et 8% des enfants si l’on y inclut l’eczéma. A noter que les petits garçons sont plus touchés que les filles. Un problème de Santé publique Si le problème est considéré comme étant de Santé publique, c’est pour plusieurs raisons : tout d’abord, une allergie peut entraîner la mort, il s’agit donc d’un problème qui est grave en soi. Ensuite, la croissance du nombre de cas provoque un coût économique pour la société. Enfin, la qualité de vie de certains malades et de leurs familles peut être très durement affectée.
Encore faut-il être sûr de ce dont on parle et bien effectuer le diagnostic avec précision. En effet, certaines allergies peuvent être mortelles, aussi les précautions et la prévention mises en place vis-à-vis de la personne concernée sont drastiques. Mais il faut être certain que l’allergie est en place de façon définitive et que l’on a bien identifié le ou les allergènes en cause. Origines de cette croissance ?
Il va sans dire que l’évolution de nos modes de vie a bouleversé notre alimentation. Nos consommons des produits auxquels nos organismes n’étaient pas habitués dans les siècles passés, de nouveaux produits allergènes sont donc disponibles. La diversification alimentaire a du bon, c’est certain, mais le sésame par exemple, très peu utilisé il y a quelques dizaines d’années représente aujourd’hui plus de 4% des allergies alimentaires des adultes.
De plus, la transformation des produits alimentaires, de plus en plus courante, contribue également à la diffusion de ces nouvelles allergies. Sans oublier qu’il est souvent difficile de véritablement identifier les ingrédients ou additifs concernés dans la survenue de nouvelles intolérances. On parle ici souvent d’allergènes masqués. Les industries agro-alimentaires sont à présent bien informées, et les nouveaux règlements concernant l’étiquetage aident à identifier les produits susceptibles de provoquer des allergies, mais il n’est pas possible de sécuriser véritablement à 100%. Autre raison avancée par les spécialistes :
- la désaffection vis-à-vis de l’allaitement qui constitue pourtant l’aliment idéal pour le bébé. Le lait maternel transporte des allergènes, mais aussi des anticorps per INTOLÉRANCES mettant à la barrière immunologique de l’intestin du bébé de se construire. Autre point concernant l’alimentation du nourrisson : son alimentation devient variée de plus en plus tôt, ce qui tendrait à favoriser les risques d’eczéma.
- Autre théorie : nos sociétés deviennent de plus en plus hygiéniques et le système immunitaire tendrait donc à s’affaiblir, car il n’a plus à lutter de manière suffisante contre les différentes attaques. Trop de propreté nuirait donc…
Difficile de se faire une opinion entre nos logements qui seraient trop propres et les hôpitaux qui ne le seraient pas assez… Une définition à connaître La maladie est provoquée par un aliment allergène. Celui-ci est une substance capable de sensibiliser l’organisme de certains individus et de provoquer des manifestations pathologiques.
POUR BIEN COMPRENDRE Pour être classée dans les allergies, la réaction doit impliquer un mécanisme immunologique. En effet, il existe certaines intolérances alimentaires, ou ce que l’on nomme de fausses allergies qui ne répondent pas à cette définition. Lactose & gluten L’intolérance la plus connue est celle au lactose qui est simplement provoquée par une déficience enzymatique et n’a donc rien à voir avec une véritable allergie, comme celle au lait de vache par exemple. De même, certains produits riches en histamine, comme les fraises, la choucroute, ou les crustacés peuvent provoquer des réactions qui ne sont pas forcément du ressort de l’allergie, mais constituent de simples accidents ponctuels. Les enfants sont plus sensibles que les adultes sur ce point également. Idem pour le gluten, au sujet duquel on parle souvent à mauvais escient d’allergie. Du point de vue médical, il s’agit d’une intolérance due à une réaction immunologique défectueuse au niveau de la muqueuse de l’intestin. Aussi nommée maladie coeliaque, le seul régime est l’éviction stricte du gluten, afin d’éviter des complications qui peuvent aller jusqu’à la survenue de cancers, les années passant. Autant dire que le quotidien alimentaire de ces personnes devient très compliqué ; le gluten étant présent de façon très courante dans notre alimentation.
Dans la réaction allergique intervient bien entendu la présence d’un ou plusieurs agents allergènes. mais aussi, le niveau de consommation, ainsi qu’une prédisposition au niveau génétique. Mécanisme des allergies alimentaires – Phase de sensibilisation Le contact de l’allergène avec le système immunitaire provoque la production d’immunoglobulines E (IgE) spécifiques. Voyageant via la circulation sanguine, ces IgE vont se fixer sur la peau et les muqueuses, ainsi que sur des cellules contenant entre autres de l’histamine. Tout est prêt pour une réaction allergique même si à l’occasion de ce premier contact, rien n’est visible. – La réaction allergique Lors du second contact avec ce même type d’allergène via les IgE, l’organisme va alors déclencher une manifestation clinique de nature allergique. Plus ou moins forte en fonction de chacun. L’histamine est donc libérée et va provoquer une hypersensibilité.
– Les coupables On l’aura compris, pour pouvoir aider les allergiques, il faut donc passer ensuite par une phase d’identification des allergènes. Parmi les différentes protéines, on retrouve souvent les mêmes coupables : Le plus connu est la protéine présente dans l’arachide, mais on parle souvent aussi des oeufs, du lait de vache, du soja, des noix et des crustacés. Le souci que l’on retrouve de plus en plus fréquemment à l’heure actuelle est la présence d’additifs dans les plats préparés par exemple en petite quantité, mais qui peuvent sensibiliser les individus peu à peu, car les doses ne sont pas fortes. Il n’y a donc pas lieu de les signaler, car la dose en tant que telle ne présente aucun danger. Par contre, la répétition de la consommation finit par provoquer une sensibilisation. Par exemple, il est possible parfois de repérer sur les étiquettes « hydrolysats de protéines », caséine ou le blé utilisés en tant qu’arômes, huiles végétales, des liants sous formes de protéines végétales. Or, tous ces produits sont des allergènes potentiels. De même, certains aliments augmentent leur teneur en allergène, si on les garde assez longtemps, comme les pommes ou la noix de pécan entre autres. – Allergie croisée ? Il s’agit d’allergies qui sont provoquées par des allergènes avec lesquels il n’y a jamais eu sensibilisation.
L’histamine réagit en fait par rapprochement entre les composants 64 – H a n t é Erévenlim de ces allergènes. Le souci est donc que lorsque l’on est allergique à l’arachide par exemple, il va également falloir étudier de près quelles sont les allergies croisées possibles avec d’autres produits, comme le soja ou les fèves.
Inutile d’exclure ces derniers du régime alimentaire dans la plupart des cas, mais dans 10% des cas, ils provoqueront pourtant une allergie. Pour pouvoir mener la vie la plus normale possible et exclure le minimum d’aliment, l’aim m On a découvert aussi que le latex était à la racine d’allergies en particulier chez les personnes utilisant souvent cette matière, la plupart du temps sous forme de gants.
Or il n’est pas rare que cette allergie ne fasse qu’en précéder une autre, souvent liée aux fruits, comme l’avocat, la banane ou le kiwi. lergologue doit donc véritablement pousser ses examens assez loin. – Les réactions Dans les cas les plus graves, les allergies peuvent provoquer des chocs et des asthmes graves. 11 s’agit de réactions généralisées ou anaphylactiques. Le pronostic vital est alors en jeu. Heureusement, cela est assez rare au niveau de la population dans son ensemble. 11 faut également noter que si les chocs sont plus graves chez les adultes, les enfants voient souvent disparaître leurs problèmes en grandissant.
Il n’existe pas à ce jour de statistiques portant sur les allergies alimentaires en particulier, mais si l’on considère le problème dans son ensemble, le nombre de chocs sévères aurait déjà été multiplié par 5 entre 1982 et 1995 et la tendance contiZoom sur l’oedème de Quincke Les oedèmes de Quincke sont également peu fréquents. Il s’agit d’un gonflement rapide de la peau et des muqueuses, vraiment impressionnant, car menant à une suffocation. Il convient de réagir rapidement via une injection d’adrénaline. nue. Le problème est plus prononcé dans les pays anglo-saxons et nordiques. La plupart du temps, les réactions sont de type gastriques, comme vomissements, diarrhées, coliques, ou de type eczémateux, ou moins graves comme des démangeaisons ou de l’urticaire.
Des problèmes respiratoires sont aussi parfois en cause. Chez l’enfant, la réaction la plus fréquente est l’eczéma aussi appelé « dermatite atopique ». Les types de réactions diffèrent en effet avec l’âge.
LES PRINCIPAUX ALLERGENES Pas question de faire une liste exhaustive mais on peut évoquer les principaux. • Le lait de vache par exemple est un grand classique, connu depuis fort longtemps. Bien repéré par les pédiatres – en particulier, puisque ce sont les nourrissons qui sont touchés en premier lieu. En ce qui concerne les adultes, c’est généralement la caséine qui est en cause. Or, cet ingrédient se retrouve fréquemment dans la préparation de produits de l’industrie agro-alimentaire. • L’arachide consommée sous forme de cacahuète, huile, beurre ou additif représente un tiers des allergies chez les moins de 15 ans. Quasiment inexistante il y a trente ans, cette allergie est particulièrement étudiée dans les pays anglo-saxons. En effet, la réaction se fait suite à un contact très faible et les réactions sont graves avec presque 40% d’oedème de Quincke en France. Les noix globalement sont aussi souvent en cause:
• Les oeufs sont aussi de grands coupables. 34% des allergies alimentaires chez l’enfant sont dues à l’oeuf (1,3% chez l’adulte). C’est le blanc qui est en cause. Le problème est que, là encore, la protéine en question est souvent utilisée dans l’industrie alimentaire sous différents noms, ainsi que dans des produits d’hygiène ou des médicaments.
• L’allergie au soja est assez récente tout comme sa consommation. De même, les céréales comme le blé ou le seigle sont plus courantes chez nous que l’allergie au riz qui se retrouve en particulier au Japon. On retrouve ici l’impact du niveau de consommation. • L’allergie au poisson affecte environ 5% des enfants^ allergiques et 3% des adultes. Dans la même veine on retrouve les crustacés et mollusques, mais dans un pourcentage plus faible. • Les allergies aux fruits et légumes concernent essentiellement les adultes et sont souvent associées à des allergies aux pollens. • Dernière famille importante et difficile à cerner, celle des additifs alimentaires du fait de l’utilisation croissante de produits transformés. Colorants, conservateurs, épaississants, édulcorants et j’en passe provoquent certaines réactions. A noter que cela ne concerne que peu d’allergiques. En fait, ce sont les sulfites qui posent le plus de problèmes en particulier pour les asthmatiques. On en trouve dans les vins, les médicaments, les produits préparés notamment asiatiques, ou les assaisonnements préparés de certaines salades. –
Quelle prévention ?
• Une première prévention concerne les nouveaux-nés en particulier si l’un des parents est allergique : des recommandations simples permettent d’éviter les réactions. Par exemple, ne pas consommer d’arachides pendant la grossesse et allaiter de façon prolongée le bébé. La diversification alimentaire se fera de façon plus lente, après six mois et plus tard pour certains éléments comme les oeufs et les noix entre autres. Sinon utiliser en priorité les laits HA (protéines partiellement hydrolisées). • Disposer d’une trousse d’urgence dans le cas d’allergie grave avérée. • Apprendre à lire les étiquettes. Le diagnostic La première phase est un interrogatoire très minutieux de la part du spécialiste sur son alimentation. Généralement suivi d’une enquête alimentaire pendant laquelle le patient doit noter précisément toutes ses consommations avec les horaires, et les réactions éventuelles. L’examen clinique et le dosage IgE sont suivis des prick tests bien connus : il s’agit de tests cutanés effectués sur l’avant bras pour vérifier les réactions. Ils reprennent les principaux allergènes, végétaux et alimentaires. Une petite goutte permet de vérifier les réactions. Le test n’est cependant pas toujours aisé à lire avec précision. Il faut donc aller plus loin. Viennent ensuite les tests de provocation, uniquement dans les cas où le diagnostic n’est pas possible, alors que les réactions sont bel et bien là. Il s’agit effectivement de provoquer une réaction, mais évidemment suffisamment bénigne pour ne pas être grave. Il s’agit la plupart du temps d’un test labial où l’on met en contact l’aliment incriminé avec les lèvres. La réaction positive est généralement un gonflement des lèvres, mais peut aussi aller jusqu’à des réactions cutanées au niveau du menton en particulier. Le test oral par ingestion ne se fait qu’en milieu hospitalier et que dans des cas spécifiques, car il est délicat. Les traitements • Le traitement d’éviction : il est inévitable pour les allergies confirmées. Il se fait avec l’aide d’une diététicienne et certaines associations aident les allergiques à identifier les étiquetages. En fonction des allergènes, il est plus ou moins facile à respecter. • Le traitement du choc anaphylactique : l’urgence est en premier lieu une prise en charge rapide avec diagnostic rapide, généralement à l’hôpital. C’est en général l’adrénaline qui est administrée, avec d’autres médicaments associés comme les corticoïdes ou des broncho-dilatateurs. Si le patient est informé du risque de choc, on lui fournit généralement une trousse de secours, dans laquelle se trouve un stylo auto-injecteur, très simple d’utilisation. • Le traitement par antihistaminique est plutôt considéré comme un traitement d’appoint ou pour les allergies assez légères. Il est surtout donné dans le cas des pollens, beaucoup moins pour les allergies alimentaires. • La désensibilisation n’est pratiquement jamais pratiquée dans le cas des allergies alimentaires, car elle n’est pas très efficace. Allergie & cantine scolaire La plupart des familles ont peur de mettre leurs enfants allergiques à la cantine. La législation récente a cependant permis de mettre sur pied un projet d’accueil individualisé.
C’est le médecin scolaire qui assure la mise en place du PA1 suite aux données transmises par l’allergologue de l’enfant. Le PAI se concrétise sous la forme d’un document en trois parties avec volet administratif, volet médical et pédagogique. Concrètement, soit les services de restauration sont à même de fournir des repas adaptés, soit l’enfant consomme sur place le repas fourni par la famille. Le problème le plus difficile est le cas d’éviction totale d’un ingrédient. Encore faut-il connaître les seuils de tolérance de l’enfant. L’AFPRAL L’Association Française pour la Prévention des Allergies a été créée en 1991. Sans but lucratif, son objectif est de contribuer à mieux informer le public sur les allergies afin de les prévenir. Elle mène aussi des actions auprès des pouvoirs publia, afin de faciliter la vie quotidienne des patients. Un problème particulier est celui des cantines étant donné la croissance du nombre d’enfants allergiques à certains aliments. Elle publie aussi un journal en collaboration avec son homologue belge : « Oasis Allergies ». Pour en savoir plus : www.afpral.asso.fr NB. : Il existe aussi une structure européenne : l’EFA, la Fédération Européenne des Associations allergiques et de malades respiratoires (www.efanet.org).
En cas d’allergie supposée, le plus important est de consulter votre médecin traitant qui vous enverra peut être consulter un allergologue. Le pharmacien peut être de très bon conseil, mais en cas de doute, ne tardez surtout pas à recueillir l’avis d’un médecin.